Rechercher dans ce blog

mardi 29 janvier 2013

Où va la Turquie?

Abigail R Esman a présenté l'évolution inquiétante de la Turquie qui l'éloigne chaque jour un peu plus des idéaux démocratiques occidentaux. Je l'ai adapté et rajouté des liens en référence.


Le gouvernement turc persécute les artistes et les journalistes 


Islamo-fascisme: Une expression à la mode qui est si controversée parmi les experts et les commentateurs depuis les attentats du 9/11. Ce terme pose un certain nombre de questions, en particulier en ce qui concerne les gouvernements des pays musulmans: l'islam politique est une idéologie fasciste? L'Islam peut-il cohabiter avec la démocratie? Quelle est la différence entre le nationalisme et l'islamisme dans un Etat islamique?

Ce sont précisément les questions qui se posent de plus en plus  face à une série d'arrestations, de poursuites et, plus récemment, des allégations d'assassinat commandité par l'Etat en Turquie au cours des derniers mois, et qui ont attiré les attentions, non seulement des médias internationaux, mais aussi des organisations des droits de l'homme dans le monde entier.
Depuis longtemps, le gouvernement actuel de la Turquie, qui est dirigé par le parti islamiste de la justice et de la liberté, l'AKP, prend des décisions qui suscitent des accusations d'islamisme et de dérive vers une dictature fasciste. 

Voici les agissements qui ont particulièrement alarmé les militants des droits humains à l'étranger et les défenseurs pro-démocratie turcs:


-L'emprisonnement continu de journalistes [42 journalistes et 30 collaborateurs].

-L'arrestation en avril dernier du pianiste et compositeur, de renommée mondiale, Fazil Say, pour avoir insulté Islam.
-L'inculpation pour «dénigrement de l'Etat" au début de ce mois de la branche turque du PEN-International (une ONG des droits de l'homme, en particulier pour la liberté de l'expression, la liberté des artistes et le respect du patrimoine culturel) à cause de leur défense de M. Say.


Les accusations portées contre Say ont été intentée après que le musicien de 42 ans, a plaisanté sur Twitter au sujet d'un appel à la prière qui a dure moins d'une minute.Dans le tweet diffusé aux milliers de ses abonnés, l'athée Say, qui ne s'en cache pas, a écrit: «Pourquoi une telle précipitation? Avez-vous une maîtresse qui vous attend, ou du raki [un alcool fort équivalent d'un pastis]  sur la table? "

Les fondamentalistes musulmans n'étaient pas contents. Les références à une maîtresse et au raki , une boisson alcoolisée, étaient inappropriées et insultants, disaient-ils, ce qui a conduit les procureurs de l'inculper pour «inimitié publique" et "dénigrement de l'Islam." S'il est reconnu coupable lors du procès qui commence dans un mois, Say risque une peine d'emprisonnement de 18 mois.

Mais la plaisanterie n'a pas été le seul méfait de Say. Des accusations ont été également portées contre lui pour un autre tweet, dans lequel il citait Omar Khayyam [un célèbre poète classique]  : "Vous dites que des rivières de vin coulent au paradis. Le paradis est-il une taverne pour vous ? Vous dites que deux vierges y attendent chaque croyant. Le paradis est-il un bordel pour vous ?"

Ce qui est important à ce sujet est que les tweets de Say étaient, en fait, un «retweet» - la ré-publication d'un commentaire twitter lancé par une autre personne. En outre, des centaines, sinon des milliers d'autres personnes avaient également tweeté le même texte. Pourquoi alors, ne montrer du doigt que Say?

L'affaire a fait la une dans le monde entier. Dans une interview accordée à Newsweek en Juin dernier Juin, Say s'est défendu en disant: «Je n'ai pas insulté l'Islam. J'ai retweeté un vers que je trouvais drôle. La même nuit, 165 autres personnes ont retweeté ce même vers, mais je suis le seul à être jugé. "

Ni Say et ni son manager n'ont répondu à mes demandes de commentaires complémentaires sur le cas. Il est dit qu'il ne s'exprime plus à la presse sur ce sujet - une position compréhensible, si elle est vraie.

Mais les partisans du pianiste de 42 ans - qui a joué avec l'Orchestre philharmonique de New York, entre autres - continuent de parler. En Juin, la branche turque du PEN a publié une déclaration condamnant la poursuite de Say: «La communauté internationale a été mise en état d'alerte face à la dérive fasciste en Turquie», ont ils écrit.

Aujourd'hui, six mois plus tard - ironiquement, au cours de la même semaine où le gouvernement turc a annulé une interdiction de plus de 1.000 livres - Les dirigeants du PEN-Turquie ont été convoqués au bureau du procureur général pour des accusations de violation de l'article 301 du code pénal, qui interdit "le  dénigrement de l'Etat. "(l'article 301 a également été utilisé contre le romancier Orhan Pamuk quand il a accusé l'Etat turc du meurtre de 30.000 Kurdes et d'un million d'Arméniens, et contre le journaliste Hrant Dink, qui ensuite a été assassiné.)


L'accusaion a surpris les dirigeants du PEN. «Nous n'avons jamais pensé que parce qu'une déclaration faite par le PEN en faveur d'un génie, un écrivain, un musicien - nous ne nous attendions pas à cela", a déclaré, Zanep Oral, visiblement encore étourdi. Il dirige le comité exécutif du PEN-Turquie. 
"Et le truc, c'est que je suis un journaliste qui a travaillé au cours des 40 dernières années. J'ai vu de nombreux coups d'Etat militaires. Et on a toujours su ce pourquoi on se battait, et ce que nous étions contre.Maintenant, que nous sommes censés être dans une démocratie progressiste - l'administration actuelle l'appelle une «démocratie progressive». Mais si c'est ça le progrès de la démocratie, je ne sais pas à quoi il faut s'attendre. "
C'est, en effet, est la question brûlante.


Alors que la persécution du PEN dans ce cas tourne autour du «dénigrement de l'État» et non du «dénigrement de la religion», beaucoup se demandent maintenant si les deux concepts ne sont pas devenus un seul et même - ou si le vrai problème avec la déclaration du PEN n'était pas l'utilisation du mot «fascisme», mais le fait qu'ils sont venus à la défense de quelqu'un qui aurait insulté l'islam.

C'est , après tout, le gouvernement qui se définit par son "devoir d'élever des générations religieuses», et par le motto : «une nation, un pays, un État, et une seule religion" - a observé en juillet dernier Ihsan Yilmaz, chroniqueur du journal "Aujourd'hui Zaman"  et Professeur de science politique à Université  Fatih.
Pourtant, une fois joint par e-mail, Yilmaz s'éloigna de ses commentaires antérieurs. "Ceux qui critiquent l'AKP en raison de l'islamisation croissante» a t-il répondu  "ont des problèmes de phobie de l'islam ou du moins de l'orient" - une déclaration surprenante étant donné le nombre de musulmans turcs qui craignent l'islamisation de leur pays par l'AKP , et considérant les propres écrits de Yilmaz datant d'il y a à peine six mois. 
Même ainsi, Yilmaz s'est dit préoccupé par le traitement des cas Fazil Say. "Traîner M. Say en justice pour ses remarques brutales est une erreur», dit-il. Mais si Yilmaz a fait machine arrière, d'autres ne l'ont pas fait. De nombreux chroniqueurs en Turquie ont exprimé des préoccupations au sujet de l'imposition de la religion dans leur Etat kémaliste sécularisé, à commencer par l'introduction de l'enseignements du Coran et de l'étude de la vie de Mahomet dans les écoles publiques en passant par la censure de Darwin (dont on enseigne dans un livre scolaire qu'il était un Juif qui "détestait son front proéminent, son gros nez et ses dents déformées") et les nouveaux plans du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan pour construire la plus grande mosquée du pays (avec les plus hauts minarets du monde).


Il apparait de plus en plus que "dénigrement de l'état" et "dénigrement de l'islam» deviennent une seule et même chose dans cette république autrefois sécularisée, tous deux sont punis par la loi, avec la menace de la prison suspendue au-dessus des têtes des libres penseurs du pays - ses musiciens, ses artistes, ses journalistes, ses poètes - ceux qui en fait, détiennent les clés de l'esprit et de l'avenir de la Turquie. 


Alors, est-ce du «Fascisme» ?  De l'«Islamisme» ?  De  l'«Islamo-fascisme» ?

C'est à vous de décider.
Pour être régulièrement  mis au courant (en anglais) sur la menace de l'islam radical cliquez ici
For regular updates about the threat of radical Islam click here
Abigail R. Esman, un auteur qui a robtenu des nombreux prix, est basée à New York et aux Pays-Bas, elle a écrit récemment  "Radical State: How Jihad Is Winning Over Democracy in the West"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire