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jeudi 24 novembre 2011

Comme Lara Logan en février, Caroline Sinz a été violée place Tahrir par des centaines d'hommes (MAJ: elle porte plainte pour viol et décrit son calvaire)

France Soir



lamastre.fr
Caroline Sinz a déclaré que son cameraman, Salah Agrabi, et elle-même avaient commencé à être pris à partie dans une rue menant de la place Tahrir au Ministère de l'Intérieur, où ont eu lieu les heurts les plus violents entre manifestants et forces de l'ordre ces derniers jours. "Nous étions en train de filmer dans la rue Mohamed Mahmoud quand nous avons été assaillis par des jeunes de quatorze ou quinze ans", a-t-elle raconté, en faisant état "d'attouchements". 

La journaliste et son cameraman ont ensuite été entraînés "manu militari" par un groupe d'hommes vers la place Tahrir et se sont retrouvés séparés. "Nous avons alors été agressés par une foule d'hommes. J'ai été tabassée par une meute de jeunes et d'adultes qui ont arraché mes vêtements" et qui ont procédé à des attouchements répondant "à la définition du viol", a-t-elle poursuivi.
"Quelques personnes ont essayé de venir m'aider mais sans y parvenir. J'étais lynchée. Cela a duré environ trois quarts d'heure jusqu'à ce qu'on puisse m'extraire. J'ai cru que j'allais mourir", a-t-elle dit, en ajoutant que le cameraman avait aussi été "tabassé". En février, au début de la contestation contre le régime de Moubarak, la journaliste américaine vedette Lara Logan avait également été victime d'une agression sexuelle (son interview est traduit ici en intégralité)  au Caire.


Rappel du contexte :

Harcèlement sexuel en Égypte: enquête égyptienne

BBC et  ECRW
L’Égypte est, dans le monde, un des pays où les agressions sexuelles sur les femmes sont les plus fréquentes, y compris sur des femmes voilées.
Selon une enquête par une NGO égyptienne en 2008 :
98% des femmes étrangères l'ont subie
83% des femmes égyptiennes
62% des hommes égyptiens avouent avoir harcelé une femme
53% des hommes accusent les femmes de les avoir excités.

Il n'y a pas de loi sur le harcèlement sexuel en Égypte.

Mise à jour 25/11/2011

Reporters sans frontières avertit les rédacteurs du risque d'envoyer des femmes en Égypte: 

"Nous appelons les rédactions à la prudence et à se soucier en priorité de la sécurité de leurs envoyés spéciaux et de leurs correspondants. Il est plus dangereux pour une femme que pour un homme de couvrir les évènements de la place Tahrir. C’est une réalité à laquelle les rédactions doivent faire face. C’est la première fois que des agressions sexuelles répétées sont commises dans un même lieu contre des femmes journalistes. Les rédactions doivent se poser la question lorsqu’elles envoient des équipes sur place et prendre des mesures de protection particulières", a déclaré Reporters sans frontières.
"Il n’est pas question de renoncer et de cesser de couvrir la situation en Égypte, mais il faut s’adapter aux menaces actuelles. Les femmes reporters qui se rendent sur la place Tahrir doivent avoir conscience de cette situation", a ajouté l’organisation.

Une courte présentation et une étude du problème de la vulnérabilité des femmes journalistes en zones de guerre ou de troubles publiées dans Columbia Journalism Review le 8 février 2011 (reproduction d'un article de mai 2007). Un sondage par le News Safety Institute auprès de 150 femmes journalistes (seulement 31 ont répondu)  y est cité.Il en résulte que ;

1) Une journaliste sur deux a été harcelée sexuellement et qu'environ 10% ont été violées.

2) Elles n'en parlent pas pour deux raisons :
a) Crainte de nuire à la parité dans la profession, de ne pas être traitée "pareil" que les hommes par les éditeurs en chef,
b) Crainte de ne pas obtenir de nouvelle mission, fierté professionnelle.

3) Les agresseurs peuvent être n'importe quel homme croisé sur la route y compris les accompagnants : traducteur, chauffeur, pilote, garde du corps, etc...

Les femmes égyptiennes se révoltent et publient sur internet des témoignages et une CARTE , mise à jour quotidiennement, du harcèlement sexuel en Égypte :  http://harassmap.org/

Mise à jour 28/11/2011 du Nouvel Observateur

"Caroline Sinz, journaliste de France 3, frappée et agressée sexuellement jeudi dernier par des hommes en civil en marge des manifestations au Caire, a annoncé lundi 28 novembre avoir porté plainte en France pour viol. Comme on a quelques images, ça peut peut-être aboutir", a-t-elle estimé sur France Inter.
"Des dizaines d'hommes ont commencé à arracher mes vêtements, mes sous-vêtements et à me violer puisque lorsqu'il y a pénétration digitale, c'est un viol. C'est ce dont j'ai été victime pendant 45 minutes environ. Heureusement que j'ai pu être sauvée par des hommes qui sont venus à mon secours", a-t-elle raconté.
"C'est un phénomène en Egypte. Il y a visiblement une énorme frustration chez les jeunes Égyptiens", a affirmé Caroline Sinz.
"Il y a 11 femmes égyptiennes qui ont porté plainte pour agression sexuelle et pour viol. Elles ont subi des attouchements et des tests de virginité de la part de l'armée en février, lors de la révolution. Et ces plaintes n'ont toujours pas abouti", a-t-elle rappelé.
Les femmes ont leur place sur le terrain. La journaliste a plaidé en faveur du maintien de journalistes femmes en Égypte.
"Il faut des femmes en Égypte. D'ailleurs, c'est une consoeur qui m'a remplacée", a dit la journaliste, rentrée à Paris samedi. "J'ai couvert l'Irak puis la guerre, plein de pays compliqués. Je ne me sens pas plus exposée (qu'un homme), ce sont les compétences qui comptent"...."

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